Un extrait de Pee Wee Russell interprétant Love is here to stay

Voici un très bon exemple d'un orchestre typique de Dixielands. Malheureusement, c'est ce genre de musique qui a marqué la clarinette et qui a fait que ce bel instrument est, à mon avis est devenu aujourd'hui un instrument secondaire.

IM. Sydney Béchet dans Charleston

Difficile de trouver de Sydney Béchet à la clarinette. On trouve plus souvent des pièces musicales dans lesquels il joue du soprano.

Ouf! c'est assez!!! je ne suis plus capable!!! Je vous l'avais dit que les clarinettistes de l'époque avaient des sonorités stridentes. En tout les cas, je crois avoir fait un effort pour vous montrer ce que les clarinettistes faisaient à l'époque et j'espère que vous n'en voulez pas plus, si c'est le cas, vous n'êtes pas dans le bon site. Bon, passons à autre chose!!!

Ici Benny interprète Memories of you.
Belle sonorité ronde pour son époque. De plus, on sent qu'il modernise son vibrato.

Monsieur Goodman dans All Things You Are

Dans son solo, du moins au tout début, il se tient près du thème, mais lorsqu'il s'en éloigne, on ressent dans sa façon de jouer qu'il voudrait pousser plus loin, aller vers un ''il ne sait pas encore quoi''. Serait-ce du pré Bop?

Ici Artie interprète I'll Be with You in Apple Blossom Time.
Ici une nette amélioration. Remarquez la presque absence de son vibrato.

Monsieur Shaw dans Besame Mucho

Sa sonorité me réconforte avec le style de l'époque.

A cette époque, la sonorité de la clarinette était moins criarde qu'à l'aire du Dixieland, mais tout de même relativement Léger et brillant, ce qui convenait bien au style de l’époque. 

1945 -1960 lorsque le be-bop et Charlie Parker firent leur apparition, tout changea. Malgré la présence de grands clarinettistes tels que Buddy de Franco, Jimmy Hamilton, Jimmy Giuffre.

Voici un extrait musical de Buddy Defranco interprétant Autumn Nocturne.

Époustouflant n'est-ce pas ? Un son à bout de souffle !!!

Voici un autre extrait musical de Buddy DeFranco interprétant Autumn Leaves.

Definitivement, de par sa façon de jouer, on peut en déduire que l'automne est la saison favorite notre ami Buddy!!! Avez-vous remarqué comme sa sonorité est différentes de l'extrait précédent ? Les bons clarinettistes évoluent. Je soupsonne que cet extrait est plus vieux que le précédent, n'est-ce pas ?

Ici Buddy DeFranco interpréte Holyday for string.

Égal à lui même, Buddy n'avait rien à envier à aucun joueur de Bop de son époque. Alors c'est quoi le problème ? La mise en marché? Mauvais timing?

Peut-être parce que le be-bop était une musique beaucoup plus agressive, puissante et introspective et que le son de la clarinette tel que conçu dans le temps, ne convenait plus, si on le compare à l'agressivité des cuivres. Elle devint donc un instrument d'importance secondaire et là, ce fut le commencement de la fin.

On pourrait même dire qu'à partir de cette période (be-bop) jusqu'aux années quatre-vingt, la clarinette n'a pas réussit à retrouver sa place que ce soit dans les styles Jazz cool, West Coast et Hard bop (les années cinquante), le jazz modal, free jazz, Third Stream et bossa-nova (les années soixante) le jazz-rock (les années soixante-dix). Pourtant, il y avait parmi ces styles de jazz, certains qui auraient pu facilement convenir à la clarinette tel que le Jazz cool, le West Coast et le Bossa-nova. Non. Rien ou presque.

Mais pourquoi ? C'était une musique moins agressive, plus douce et joyeuse qui pouvait parfaitement convenir. Si on doit trouver un coupable, c'est à cause d'un instrument qui est devenu maître de ces époques : le saxophone ténor. Et lorsqu'on voulait un instrument du même registre que la clarinette, quel instrument utilisait on (surtout dans les années 70) ?
Le soprano.

De 1980 à aujourd'hui, époque ou tous les styles de musique de tout genre se fusionnent en musique du monde, il semble y avoir d'excellents clarinettistes (des missionnaires comme je les appels :-) ) comme Eddie Daniel, Paquito D'Rivera, Don Byron et parmi nos amis Francais, Michel Portal et Louis Sclavis, d'excellents clarinettistes, dis-je, qui se donnent comme mandat de remettre la clarinette à sa place, mais il y a encore beaucoup de chemin à faire pour y arriver. On est encore loin de la coupe aux lèvres.

Voici un extrait musical de Paquito D'Rivera interprétant Mambo inn.

Époustouflant n'est-ce pas ? Ici on entre dans la catégorie des grandes pointures de la clarinette de jazz. M. clarinette Latine. Il a fallu attendre longtemps avant qu'un clarinettiste se décide à jouer de la musique latine, mais il faut croire qu'il en a valu la peine d'attendre n'est-ce pas ?

Voici un autre extrait musical de Paquito D'Rivera interprétant Caprichosos de la habana

Ouf!!! Quel plaisir pour l'oreille. Si on écoute bien, on se rencontre que Paquito est un musicien très généreux, car il offre un deux dans un, c'est-à-dire qu'il joue du Bop sur une musique latine. Mais lorsqu'on a joué avec un Dizzie Gilespy, on ne peut pas faire autrement... Percutant

Voici un extrait musical de Paquito D'Rivera interprétant - The Lost.

Ici une bonne démonstration de musicalité sans surutilisation de la technique

Voici un autre extrait juste pour le plaisir de l'oreille.Il interpréte Samba for Carmen.

Aucun commentaire n'est nécessaire ici !!!

Voici un extrait musical d'Eddy Daniels interprétant That Waltz

M. Daniels est présentement une des grosses pointures américaines (tout comme Paquito évidemment). Il est monsieur technique. Un virtuose. Un vrai! tout aussi bon dans la musique dite classique. C'est le genre de musicien qui techniquement, n'a rien à envier à aucun autre musicien tout instrument confondu. Impressionnant n'est-ce pas?

Voici un autre extrait musical de d'Eddy Daniels interprétant Nerpenthe

Dire que j'ai lu sur un site biographique que lorsqu'il jouait du saxophone avec le groupe de Thad Jone, celui-ci ne voulait pas qu'il joue de la clarinette. non parce qu'il jouait mal, mais parce que c'était de la ... clarinette, jusqu'au jour qu'il lui permit d'enregistrer un solo qui fut une révélation pour le monde de la critique musical...

Ici Eddy Daniels interpréte Chaser.

Rien à ajouter. Tout a été joué.

Au risque de me répéter, que s'est-il donc passé pour qu'un instrument qui fut à une époque aussi populaire ait presque disparu du paysage du jazz?

REFLEXIONS SUR LES FACTEURS QUI ONT ENGENDRE
LA SITUATION ACTUELLE DE LA CLARINETTE

La réponse n'est pas simple, mais je vais essayer d'y réfléchir tout haut afin de comprendre (sous toute réserve) ce qui aurait bien pu ce passé. Je crois qu'il y a au moins 4 raisons principales.

SON SUCCES PASSÉ CAUSE SA NON POPULARITE ACTUELLE

Lorsque j'étais musicien apprenti (1965) ou musicien actif (1970 -84) et quand je disais aux gens que je jouais de la clarinette dans un groupe de jazz, spontanément on me parlait du Dixieland ou de Benny ... vous savez qui :-). Au conservatoire de musique (1968 -70) on m'a refusé l'accès au big band à moins que joue du saxophone parce que ce n'est pas un orchestre de... eh oui vous l'avez, devinez.. C'était quand même 35 ans après l'ère du Dixieland. On ne me demandait jamais si je jouais du Be-bop ou encore moins du Funky. à mon avis, la clarinette était et reste encore (à moindre égard de nos jours) un instrument marqué par son succès passé, ce qui eut pour effet de ralentir son évolution dans le jazz contemporain.

LA POPULARITE DU SAXOPHONE SOPRANO

Depuis les années 1945 à 1970 les saxophone alto et ténor sont les instruments de prédilection pour le jazz. Des musiciens tels que John Coltrane, Wayne Shorter, Farra Sanders, Joe Farrel pour ne citer que ceux-là ont développé le style moderne du saxophone soprano, ignoré jusque-là. Ce fut merveilleux pour cet instrument, mais un dur coup pour la clarinette. Encore une fois, il m'arrivait souvent, qu'on me demandait si je n'avais pas pensé de jouer du soprano un jour.

LE MANQUE DE RELEVE

Comme dit l'annonce publicitaire des années 70 : Plus les gens en mangent, plus elle est fraîche et plus elle est fraîche plus les gens en ...mangent.

Pour la clarinette, c'est exactement le contraire. Il est facile de comprendre que les jeunes clarinettistes ont très peu de modèles dans le jazz contemporains si l'on compare avec les saxophonistes, les trompettiste et même les guitaristes vedettes.
De plus, la clarinette a un héritage de musique dite ''classique '' beaucoup plus important que le saxophone qui lui, est un instrument plus jeune dont répertoire de musique ''sérieuse '' est beaucoup moins important, ce que demande davantage le jazz.

Alors, les clarinettistes débutants sont beaucoup plus attirés vers la musique classique et lorsqu'ils ont un attrait pour le jazz, ils convergent très facilement vers le saxophone. Ce qui n'est pas le cas pour les saxophonistes. (Pour des raisons trop compliquées à expliquer ici, je ne vous expliquerai pas le pourquoi, mais ayez confiance en mes propos :-) ). Tout cela mis ensemble, fait qu'il n'y a pas beaucoup de relève pour la clarinette de jazz. Le jour ou un clarinettiste fera un hit dans un style particulier peut-être qu'alors ... on ne sait on jamais.

LES PARTICULARITES DE LA CLARINETTE

Ici je ne veux pas devenir technique, mais la clarinette a des particularités qui en font un instrument difficile à contrôler et travailler en public et en studio.

LA CLARINETTE EST DIFFICILE A AMPLIFIER EN SPECTACLE

La clarinette est un instrument qui comme la plupart des bois d'ailleurs (la flûte traversière, le haut bois, le basson, clarinette basse) n'a pas un son puissant, en plus d'avoir un mécanisme de clé qui est quelque peu bruyant. De plus, contrairement à la trompette et au saxophone ou le son sort principalement par un seul endroit soit la cloche, le son la clarinette sort de partout : ce qui complique la prise de son. Heureusement la technologie a quelque peu évolué. ''Dans mon temps'' il y avait les fameux pick-up Barcus Berry qui déguisaient complètement le son de la clarinette en éliminant tout bois de la sonorité. Maintenant il semble y avoir des alternatives intéressantes que je n'ai pas eu la chance d'expérimenter.

DIFFICILE A ENREGISTRER EN STUDIO

Son son n'est pas homogène entre les registres. Les sons aigus sont plus brillants, perçant et plus fort que les sons graves qui sont plus chaleureux, suaves pour ne pas dire sensuels. Mais encore une fois la technologie a évolué. Il faut s'enregistrer avec des micros d'ambiances et avec la technologie digitale, il est possible ajuster les écarts de son au mixe.